Une nouvelle génération créative en Chine

Pendant que le sujet sur la loi Hadopi reçoit un bump dans tous les blogs de France, les chinois continuent de jouer avec la ligne jaune en contrefaçon industrielle.
Ce qui au départ était associé à une catégorie de produits pas chers, peu fiables, copies de grandes marques s'est transformé en un concept qui met en valeur les qualités supposées d'habileté et d'ingénuité du peuple chinois.
En un mot le Shanzhai, mais en deux idéogrammes 山寨, ou la forteresse de montagne. Un terme qui fait référence au mythe de Song Jiang, prince des voleurs, accompagné de de ses 108 fidèles, tous bandits, retirés en leur cache des montagnes, échappant à tout contrôle gouvernemental.
Nous voici plongé dans une contre-culture entrepreneuriale, présente dans des regroupements de PME spécialisées dans la fabrication d'objets connectés.
En effet, après les débuts prometteurs du smartphone, voici déjà venir des inventions toutes plus saugrenues les unes que les autres, telles que le Chumby ou le Sony Rolly.
Ce n'est pas anodin, dans la ligne des remarques récentes de Vinton Cerf qui voit se développer grâce à l'Internet et la robotique la possibilité de multiples instances simultanées d'une personne puis du dernier billet de Jacques Attali, un puissant décollage du secteur des objets connectés est à prévoir.
Ces entrepreneurs à l'esprit Shanzhai sont des individus qui ont fui l'atmosphère des grandes firmes, qui ont établis dans ces clubs informels rassemblant des enseignes modestes des relations basées sur l'entraide et le partage de l'information comme dans les projets Open Source et qui, au-delà de défis de contrefaçon comme celui visant l'Iphone, s'investissent aussi dans la création de produits connectés hybrides (la fabrication d'unités en petite série à faible coût autorise ce genre d'expérimentation). Avec des tentatives de rip/mix/burn ou de compilation Mash-up ayant une forte analogie avec les pratiques conceptuelles des pure-players du Web.
Tout art est né de l'imitation. L'Etat chinois, au delà de l'embarras diplomatique que lui créent ces franc-tireurs, aurait grand tort de sacrifier sur l'autel du bon goût économique les Steve Wozniak de demain ou les futurs créateurs du Hewlett-Packard chinois.
Pendant ce temps, l'Assemblée Nationale s'en donne à coeur joie dans l'amendement de la loi Hadopi, statuant de nouveaux interdits, sans aucun contrôle intellectuel sur les faisabilités technologiques.
Leur temps serait mieux employé à définir et voter rapidement la création ou l'extension de fonds d'investissements publics ou de nouvelles dispositions encourageant l'investissement privé. Qui sait ? les français ont peut-être des idées... ils n'avaient pourtant pas de pétrole en 1974.

Pour une vision plus approfondie du phénomène Shanzhai, allez consulter le blog de Bunnie Huang.

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