Sauver l'information de la Presse

Les communautés et les gens se saisissent de l'information qui ont une valeur pour eux. Apportons leur cette information et laissons les payer, avec le concours de la publicité, pour cette qualité là. Ne reproduisons pas le même type de traine toxique d'informations répétées et ajustées qui  domine encore jusque là. 
Un bel exemple est à trouver dans la réflexion d'une récente note d'Authueil qui sur un sujet compare défavorablement la production de la presse généraliste face à une publication en ligne qui est capable de fournir une information complète, puisqu'elle ne possède en rien les mêmes contraintes qui l'obligerait à un choix de traitement prédéterminé.
Pour Jeff Jarvis et Umair Haque, en premier lieu, un changement d'optique est nécessaire  : passer de la logique d'extraction de la valeur du marché vers une logique d'ajout, pour en retirer des bénéfices ultérieurement. L'exemple le plus évident est celui du moteur de recherche Google qui a ajouté de la valeur au Web, en y apportant une visibilité de son contenu que les moteurs de recherche précédents n'étaient pas capable de lui apporter. En retour, Google a pu bénéficier de cette richesse mise à jour en monétisant une très faible part du trafic qu'il avait créé ou offert en premier lieu aux internautes.
Ce qui nous amène à la deuxième caractéristique des nouveaux systèmes économiques, celle "du partage ou de l'offre en premier" ou la "share first economy." Ou commencer par ensemencer avant que de récolter.
Ces deux changements ne sont possibles que par un troisième qui est d'attitude, celui de la permission de faillir ou de l'échec - "Licence to fail". Sans essais et tentatives multiples ,il est quasiment impossible de concevoir ad hoc une idée permettant le succès. Le dernier exemple qui vient à l'esprit est celui de Twitter, où comment l'idée paradoxale d'un modèle réduit de messagerie, avec des courriers limités à 140 caractères, a trouvé son public ou plutôt ses multiples significations d'emploi et d'usage imprévus et intuitifs. Bien peu de personnes auraient prédit le buzz favorable qui l'a suivi depuis sa naissance.
Revenons aux médias, dans une économie de la rareté, telle que l'industrie de la Presse l'a vécu, le push de l'information par une grande marque de quotidien imposait à son public un enclos éditorial ; notez que cela ne signifiait pas que le modèle de la Presse était bénéficiaire, il n'était bénéficiaire que par incidence de son influence supposée, c'est à dire que son rôle de prescription marchande ou idéologique, lui permettait d'attirer les largesses financières de divers annonceurs privés ou institutionnels.
Sans feedback de leur lecteur, ce système reposait sur l'extraction maximale de valeur du public,  un rendement qui dépassait de loin la modique somme d'acquisition de son journal. Le public fut donc mis à contribution jusqu'à son extrême limite psychologique, comme le pétrole fut inlassablement recherché et extrait aux quatre coins du globe, notamment dans les zones les plus ingrates (quel intérêt, en effet, d'aller prospecter dans la Beauce ?)
Dans ce cas, il est assez risible de croire que le public va revenir à l'ancien système parce qu'un outil tel que le dernier Kindle DX va permettre de s'offrir un journal complet. L'explosion de l'information a déjà eu lieu en ligne et continue sous toutes ses formes et a déjà changé les habitudes de consommation non dans la forme mais dans l'appréciation générale de la qualité de l'offre (remercions au passage Google News).
Un faisceau d'avis nous amène donc à constater que l'enclos éditorial appartenait donc bien à l'époque industrielle, et qu'il est temps de sauver l'information de ce sol épuisé. Qu'elle reprenne force et vitalité, enfin, qu'elle puisse se défendre et se vendre. Une fois la qualité reconquise, il ne manquera pas de modèles de revenus plausibles, tels ceux proposés par Arianna Hufftington.

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