Médias sociaux ou déchetterie ?

Les efforts que tout un chacun fait pour alimenter sa propre marque d'égotisme sur le Web, sont parfois vains certes, mais ils ont l'avantage pour ceux qui les suivent de manquer de talent et d'imagination et ainsi de les édifier par leur nullité.

Alors qu'au début de l'Internet on bannissait le comportement des suiveurs sans originalité. Je l'invente à peine c'était une des grandes règles de la netiquette sur les forums. Aujourd'hui nous sommes progressivement envahis d'une pollution de data , d'une pollution "soft", car nous avons si peu à partager d'intéressant de notre vie quotidienne intime ou professionnelle, que tout ce flux de choses anodines pour les autres est balancé sans discrimination sur l'Internet, Facebook, puis Twitter.

L'une des applications les plus éclairantes sur  la vie de nos concitoyens est de substituer à l’effondrement de leur vie intérieure, les balises matérielles de leur vie apparente. La fabrique de nano-évènements qu'est Foursquare, le compte média social prétexte que les parents inaugurent pour leur enfant narrant leurs accidents de leur vie rêvée et privée, l'éminente paresse du conseil incompétent, moins éclairé que l'opinion commune, chez Quora, etc. tout ceci contraste vulgairement avec les contraintes intérieures que se posaient les premiers créateurs de site Web : ai-je quelque chose à dire ?

Je dirais que l'utilisation du Web est devenue si répandue, que le réflexe de se faire connaître, de se signaler pour se signaler, sans ajout de contenu remarquable, prend une teinte immanquablement dérisoire, ringarde. Et si ce n'était déjà pas ridicule, notons à quel point cela a pour effet de polluer les flux Twitter ou Facebook de celles et ceux qui attachent encore un prix à l'expression individuelle.

Réduire la parole à un pet est certes novateur, mais derrière celà c'est une vision d'une société où la parole est naturellement dévaluée par une forme de chaos matérialiste. La fin d'une certaine idée du vivre ensemble et de la démocratie d'élection populaire, c'est à dire lorsque chacun est en mesure d'apporter son expérience et sa compétence comme une pierre de touche à l'édifice global.

Terminons sur une note positive, les gens simples ont du génie pour conter qui ils sont, contrairement aux marketeurs, influenceurs, évangélistes, ambianceurs, tous comiques des médias sociaux travaillant à l'anti-social.
La vie quotidienne d'une jeune femme d'aujourd'hui peut parfois provoquer des moments de poésie solitaire comme celui-ci, je doute qu'un seul ait son talent pour la contrainte des 140 caractères :

"je me suis enroulée dans une couverture devant mon ordi, tel un sushi mal rangé dans le frigo..."

Twitter, pour peu qu'on sache faire le ménage dans ses découvertes et "amis" peut réserver encore quelques bonnes surprises.

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