Le conte de deux introductions en bourse
Par Umair Haque
Alors maintenant, vous avez entendu en boucle la nouvelle de la quasi-introduction en bourse de Facebook par la banque Goldman Sachs. Quelle en est la signification plus large?
Arrêtons-nous, un moment sur ce contraste historique. Lorsque Google réalisa son introduction en bourse, il refusa explicitement de jouer selon les règles de Wall Street - au lieu de cela, il choisit l'émission d'actions dans une vente aux enchères relativement ouverte avec un système d'adjudication à la hollandaise [dutch auction primer.]
« ... Entre autres choses, Google a lancé un avertissement ferme à des spéculateurs dont l'espoir est de faire de l'argent en revendant rapidement leurs actions, une caractéristique de nombreuses introductions en bourse mouvementées du secteur technologique dans le passé. Au lieu de cela, Google espère placer ses actions de manière à éviter la stratégie typique des banques d'investissement d'une sous-évaluation délibérée des titres - et la volatilité qui s'ensuit souvent. »
« Notre objectif est d'avoir un prix de marché efficace - un prix raisonnable fixé par des acheteurs et les vendeurs informés - pour nos actions au moment de l'introduction en bourse et par la suite » affirme le document de dépôt. « Notre objectif est de parvenir à un prix relativement stable dans les jours qui suivront l'introduction en bourse et que les acheteurs et les vendeurs reçoivent un juste prix dès l'introduction en bourse. »
Pour être encore plus clair :
« ... Selon son document de dépôt auprès de la SEC, Google semble prêt, désireux même, de commencer sa vie de société cotée en bourse sur le bon pied, en espérant rester à l'écart de certaines conclusions de transactions privilégiées qui ont caractérisé la dernière vague d'introductions en bourse basées sur la spéculation . Au lieu de cela, Google prévoit une vente aux enchères de ses actions pour lever jusqu'à 2,7 milliards de dollars; processus ouvert à tous les soumissionnaires. »
Aujourd'hui, nous avons Facebook – ne remettant pas en cause les règles de Wall Street, mais qui les approuve et y souscrit. La quasi-introduction en bourse de Facebook est un accord passé avec Goldman Sachs pour construire une structure d'accueil par laquelle des investisseurs de haut de gamme peuvent essentiellement acheter des blocs d'actions Facebook.
Le contraste ne pourrait être plus frappant. Un schéma fermé de structure d'accueil pour un petit nombre de clients, qui contourne les règles de la SEC sur le financement du risque, est l'antithèse de la solution de Google par une adjudication à la hollandaise qui est un système ouvert.
Tout cela est très révélateur, et nous en dit beaucoup sur la culture de Facebook - et donc, peut-être juste un peu plus sur ses perspectives d'avenir. Google a choisi un système d'enchères ouvert pour son introduction en bourse, car il avait ce que j'appelle dans mon Manifeste une philosophie. C'est, un ensemble de principes pour la création de valeur durable. La croyance en la démocratie est un des principes de base de Google - d'où le choix d'une adjudication à la hollandaise.
Les entreprises qui ont une philosophie sont résilientes - elles sont en mesure de surmonter les plus féroces tempêtes, parce qu'elles se concentrent sur une valeur durable, et non pas sur des gains transitoires. Ce que l'opération financière de Goldman Sachs pour Facebook pourrait révéler à l'astucieux observateur de la stratégie est ceci. Facebook n'a aucune philosophie, aucun ensemble de principes directeurs pour créer une valeur durable. Au lieu de cela, il est porté - comme il a été porté – par la construction d'un écosystème extractif abondant en logiques économiques de subprimes et de risques de perte extrême, ne créant pas à l'instar d'autres écosystèmes de valeur qui compte, dure, et croît. Inutile de le dire que là où ces derniers s'épanouissent, sur la base de mesures d'incitations mutuelles qui suscitent des effets d'accélération dans la création de richesses, les premiers sont susceptibles non seulement d'un long et lent déclin - mais aussi d'un rapide et brutal effondrement.
La différence entre les deux? En un mot : la résilience. Un avantage au XXIème siècle. Le grand défi de Facebook n'est pas d'encaisser, mais c'est plutôt le fait d'encaisser qui démontre avec éclat que le grand défi auquel a à faire face Facebook, comme 90% des entreprises de l'ère industrielle, c'est d'apprendre à créer une « valeur épaisse », une valeur partagée.
Enchère hollandaise |
Arrêtons-nous, un moment sur ce contraste historique. Lorsque Google réalisa son introduction en bourse, il refusa explicitement de jouer selon les règles de Wall Street - au lieu de cela, il choisit l'émission d'actions dans une vente aux enchères relativement ouverte avec un système d'adjudication à la hollandaise [dutch auction primer.]
« ... Entre autres choses, Google a lancé un avertissement ferme à des spéculateurs dont l'espoir est de faire de l'argent en revendant rapidement leurs actions, une caractéristique de nombreuses introductions en bourse mouvementées du secteur technologique dans le passé. Au lieu de cela, Google espère placer ses actions de manière à éviter la stratégie typique des banques d'investissement d'une sous-évaluation délibérée des titres - et la volatilité qui s'ensuit souvent. »
« Notre objectif est d'avoir un prix de marché efficace - un prix raisonnable fixé par des acheteurs et les vendeurs informés - pour nos actions au moment de l'introduction en bourse et par la suite » affirme le document de dépôt. « Notre objectif est de parvenir à un prix relativement stable dans les jours qui suivront l'introduction en bourse et que les acheteurs et les vendeurs reçoivent un juste prix dès l'introduction en bourse. »
Pour être encore plus clair :
« ... Selon son document de dépôt auprès de la SEC, Google semble prêt, désireux même, de commencer sa vie de société cotée en bourse sur le bon pied, en espérant rester à l'écart de certaines conclusions de transactions privilégiées qui ont caractérisé la dernière vague d'introductions en bourse basées sur la spéculation . Au lieu de cela, Google prévoit une vente aux enchères de ses actions pour lever jusqu'à 2,7 milliards de dollars; processus ouvert à tous les soumissionnaires. »
Aujourd'hui, nous avons Facebook – ne remettant pas en cause les règles de Wall Street, mais qui les approuve et y souscrit. La quasi-introduction en bourse de Facebook est un accord passé avec Goldman Sachs pour construire une structure d'accueil par laquelle des investisseurs de haut de gamme peuvent essentiellement acheter des blocs d'actions Facebook.
Le contraste ne pourrait être plus frappant. Un schéma fermé de structure d'accueil pour un petit nombre de clients, qui contourne les règles de la SEC sur le financement du risque, est l'antithèse de la solution de Google par une adjudication à la hollandaise qui est un système ouvert.
Tout cela est très révélateur, et nous en dit beaucoup sur la culture de Facebook - et donc, peut-être juste un peu plus sur ses perspectives d'avenir. Google a choisi un système d'enchères ouvert pour son introduction en bourse, car il avait ce que j'appelle dans mon Manifeste une philosophie. C'est, un ensemble de principes pour la création de valeur durable. La croyance en la démocratie est un des principes de base de Google - d'où le choix d'une adjudication à la hollandaise.
Les entreprises qui ont une philosophie sont résilientes - elles sont en mesure de surmonter les plus féroces tempêtes, parce qu'elles se concentrent sur une valeur durable, et non pas sur des gains transitoires. Ce que l'opération financière de Goldman Sachs pour Facebook pourrait révéler à l'astucieux observateur de la stratégie est ceci. Facebook n'a aucune philosophie, aucun ensemble de principes directeurs pour créer une valeur durable. Au lieu de cela, il est porté - comme il a été porté – par la construction d'un écosystème extractif abondant en logiques économiques de subprimes et de risques de perte extrême, ne créant pas à l'instar d'autres écosystèmes de valeur qui compte, dure, et croît. Inutile de le dire que là où ces derniers s'épanouissent, sur la base de mesures d'incitations mutuelles qui suscitent des effets d'accélération dans la création de richesses, les premiers sont susceptibles non seulement d'un long et lent déclin - mais aussi d'un rapide et brutal effondrement.
La différence entre les deux? En un mot : la résilience. Un avantage au XXIème siècle. Le grand défi de Facebook n'est pas d'encaisser, mais c'est plutôt le fait d'encaisser qui démontre avec éclat que le grand défi auquel a à faire face Facebook, comme 90% des entreprises de l'ère industrielle, c'est d'apprendre à créer une « valeur épaisse », une valeur partagée.
[Umair Haque est directeur du Havas Media Lab et récent auteur de "The New Capitalist Manifesto: Building a Disruptively Better Business."
C'est un contributeur régulier de la Harvard Business Review où réside un de ses blogs officiels, en bas dans mes références.
Pour en venir à l'article que je vous ai traduit, c'est une réaction vive et à chaud de ce penseur révolutionnaire qui poursuit sa théorisation du fait que l'entreprise pour survivre au XXIème siècle devra se séparer complètement des ses habitudes industrielles en devenant créatrice de valeur et de richesses induites pour la société, plutôt qu'en ne cherchant qu'à extraire uniquement son bénéfice.
Sa vision de la crise et de la stagnation actuelles repose non sur un effet de domino à partir d'une crise des subprimes, mais sur la faille du sens dans les institutions actuelles.
Note:
Cet article garde son sens, même si depuis sa récente parution, Facebook va quand même réaliser une introduction en bourse officielle pressé par la loi américaine, ce montage n'aura donc pas eu tous les effets voulus pour Marc Zuckerberg.
Eléments de traduction :
Une structure d'accueil est le terme générique français pour SPV, un véhicule financier de nature opaque qui permet dans la finance américaine de choisir ses investisseurs sans avoir recours à une Offre Publique Initiale (introduction en bourse)
Sur le concept de "valeur épaisse" c'est un concept cher à Umair Haque, "thick value", très bien expliquée avec son pendant négatif, la "thin value" ou "valeur mince" dans ce post sur la Harvard Business Review. J'y reviendrais dans un prochain billet.]
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