Le jour ou j'ai réappris à marcher

Marcher, une sensation et un devoir que j'avais perdus, par-delà les âges. Oh... je ne veux pas parler des heures passées lorsque j'étais adolescent, un Verlaine ou Rimbaud en poche, dans la campagne, à la lisière de l'automne, ni des promenades familiales obligés, le Week End, que tout le monde a plus ou moins endurées dans sa propre vie.

Non, marcher pour marcher, changer ses circuits, for the fun of it, pour dire bonjour à ceux que l'on croise, engager la conversation avec des voisins de toute sorte, goûter en fait le même plaisir qu'à la chasse, celui de l'arrêt et de l'écoute, donner son avis aussi, profiter d'un instant privilégié, face to face.
Il est bien sûr assez idiot de gâcher ces instants par son mobile ou le port d'un casque, savoir écouter c'est aussi entendre et voir le peu de nature dans votre voisinage de parisien, campagnard ou banlieusard.
La marche est un des plus hauts faits de la civilisation, car elle ressemble à un effort de concentration quotidienne désintéressé ou une discussion pour le plaisir des mots qui ont retrouvés leur sens ; un pas après l'autre.
Il y a mille raisons pour marcher, par exemple, cela renforce ses différences, son idiosyncrasie, qui commence par l'allure et le pas : trouver son pas c'est comme trouver sa voix, c'est partir à la rencontre de soi et se découvrir au bout du compte.
Le jour où trois ou cinq personnes en voiture ou moto vous klaxonneront pour vous saluer, vous aurez gagné un peu plus d'estime de vous... la seule dépense occasionnée ? une bonne paire de chaussures...

Commentaires