Quand les faits dépassent l'humour et la raison

Dans mon article précédent, volontairement exagéré, je pensais à propos du football aller jusqu'au bout de ce qui était crédible et même au-delà... la réalité s'est chargée d'enfoncer le clou religieux dans les paumes du corps sépulcral de ce sport, révélateur de l'ancienne influence européenne sur cette planète bouillante d'échanges.

Une mauvaise nouvelle : plutôt quatre pour Maradona, muet sous les assauts d'une équipe allemande ne comptant pas sa folle dépense d'énergie, insensible à la fatigue, au remord, à la pitié. Un football high-tech, collectif, impersonnel à l'extrême. Ce n'était pas que du Lego tactique mais un nouveau type de jeu, fluide et relié, plus inspiré des parties sur Play Station que de nos réalités pesantes, idéal et anti-gravitationnel. On aurait dit de véritables silhouettes éthérées sur l'écran informatique... des humains cela ? peut-être...
En tout cas, même avec ce mauvais résultat en quart de finale, l'équipe d'Argentine et leur entraîneur furent accueillis comme des héros grecs ou romains de retour dans leur pays, avec des déclarations d'amour du public rédigées à la hâte sur des cartons d'emballage.

La bonne nouvelle fut pour l'Uruguay ; ce n'est plus la main de Dieu, excusez encore du peu, mais celle de la Vierge Marie selon le sélectionneur Tabarez même, qui est venue porter assistance et entretenir un espoir on ne peut plus ténu de survie face au Ghana.
Développement mystique hallucinant, à des années-lumières de nos considérations de citoyens du monde socio-démocrates en repentance perpétuelle sur notre isthme européen ; incapables que nous sommes de prendre avec joie un incident de jeu qui nous serait inattendu et favorable (l'autre main de Thierry Henry.)
Il faut bien s'y résoudre. Nous n'avons plus d'incertitudes. Nous ne sentons plus notre destin. Désespérés et matérialistes, isolés dans cette double contrainte et au sein de laquelle je ne vois aucune sortie.
Nous sommes gavés de certitudes comme pas mal de confrères européens, et même le festif allemand à Berlin à un goût de joie sans affection, moderne, neutre et transparente.
Rien à voir avec ce fou de Sebastian Abreu, le marqueur de la délivrance Urugayenne sur une Panenka, qui se fit enfermer dans le stade du Centenario toute une nuit, pour célébrer la victoire lors d'un match de barrage. Il faut comprendre que ce lieu fut construit pour la première Coupe du monde de la FIFA, jouée en 1930, où l'Uruguay s'imposa.

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