Obama : la presse se regarde dans son propre abîme
L'affaire du plafond de la dette américaine est révélatrice du type de story-telling engagé par des médias dépassés et troublés par l'inconstance tactique du futur candidat Démocrate. Ils continuent pourtant de peser en sa faveur malgré son refus depuis plus d'un an de prendre les décisions nécessairement impopulaires pour alléger le fardeau financier de son pays.
Dans un effort de consultation de la presse des deux côtés de l’Atlantique, il est possible de distinguer un motif identique : les médias, mis à part le contenu conservateur de Fox News, chargent et déchargent à volonté, suivant l'angle de vue, des épaules du Président Obama le leadership de la nation américaine.
Barack Obama est jugé "sur la défensive" et empêché lorsque les Républicains, majoritaires à la chambre basse lui imposent une négociation, mais il n'est jamais questionné sur sa "découverte" de la situation actuelle ou sur le refus constant de prendre des mesures pour un début de redressement des comptes de son pays.
Il ne s'agit pas de définir qui a tort ou a raison. Mais d'observer que le positionnement d'Obama, décidé par les médias, dans cette affaire (qui pourrait nous coûter, sans accord, rien de moins que la stabilité du monde) est optimal pour ne pas que l'on puisse lui accorder de défauts ni de malice inconvenante.
Ne nous y trompons pas, l'homme joue sa réelection sur un fil, sur un fil bien plus résistant que celui sur lequel dansent les Républicains, c'est le cœur de son pari. Car le GOP ne possède qu'un des trois pouvoirs élémentaires de la démocratie américaine : la Chambre des représentants contre le Sénat et la Présidence aux Démocrates.
Alors pourquoi placer Barack Obama sur la défensive ? Puisque les Républicains ne peuvent en aucune manière prendre seuls l'initiative d'un plan de redressement. Il serait systématiquement étouffé par le Sénat Démocrate, protégeant ainsi le Président d'une autre décision difficile.
Pourquoi voir en Obama un Président quand il s'agit de régler une crise sur la dette à chaud, et ne pas le montrer tout autant Président et donc leader de l'exécutif, quand, comme le fait remarquer Charles Krauthammer, il a ignoré en Décembre 2010 les recommandations de sa propre commission sur la dette (hausse de l'âge de retraite, réduction des pensions), présenté en février un budget qui augmente la dette de 10 000 milliards de dollars pour les dix prochaines années, et quand en Avril il demanda une extension du plafond de la dette sans proposer de plan pour la réduction de celle-ci ?
Il semble pourtant qu'il soit par incompétence à l'origine de l'imprévision actuelle, ou qu'il se soit dirigé vers ce bras de fer sachant que ses adversaires n'avaient que très peu de chance de le faire plier.
Autre question, soulevée par le même Charles Krauthammer : pourquoi la presse prend-elle pour argent comptant des mesures pour un plan de réduction des déficits venant de la Maison Blanche, lorsqu'elle n'a à disposition comme information que des fuites organisées, qui n'ont jamais été confirmées officiellement et ne le seront jamais ? Encore une fois la vision du rôle et d'un nécessaire engagement d'un Président est singulière pour des professionnels du commentaire politique ; il serait une forme de pythie à ses heures, dont on ne consulterait l'oracle que par la bande, les marges d'un cercle de décision sous le sceau du secret.
Je crois tout simplement que les médias n'ont pas le choix dans cette période pré-électorale, que Barack Obama et ses équipes ont joué le pourrissement de la situation à l'avance. Que leur héraut d'un monde meilleur, d'un nouveau souffle du changement (Change), d'un nouvel espoir (Hope), les fait avancer à marche forcée dans un jeu prévu de longue date. Et pour couronner son leadership sur les salles éditoriales, la Maison Blanche joue du robinet de l'information, entre faux secrets et vraies fuites...
Que les Républicains, déjà bien embarrassés par les désillusions que portent en eux comme une tremblante les Tea Party, soient prisonniers de la nasse, cela ne fait aucun doute. Même si les sondages ne leur sont pas défavorables, il semblent qu'ils aient déjà perdu cette partie.
Nous avançons donc vers une élection présidentielle qui dessine pour l'instant ses contours médiocres, basés sur des compromis économiques et une marche à pas contraints vers un Welfare State mis sous formol. Les slogans d'Obama 2008 vont aller se ranger bravement dans les commentaires en bas de page de Wikipédia.
Sous la présidence de Barack Obama, écriront les historiens, les Etats-Unis sont rentrés dans une phase de maturation, avec la décision politique de se doter d'une couverture sociale à l'Européenne.
Comme on ne peut pas tout avoir, cela signifie une dette collective qu'on va maintenir et faire croître insensiblement par l'impôt, un chômage désespérément haut, une croissance régulièrement au-dessous des 3% et un PIB définitivement en recul de 10%.
Bref, la catégorie diesel que croyait occuper seule la zone Européenne. C'est plus une question de bon odorat que d'instinct.
Dans un effort de consultation de la presse des deux côtés de l’Atlantique, il est possible de distinguer un motif identique : les médias, mis à part le contenu conservateur de Fox News, chargent et déchargent à volonté, suivant l'angle de vue, des épaules du Président Obama le leadership de la nation américaine.
Barack Obama est jugé "sur la défensive" et empêché lorsque les Républicains, majoritaires à la chambre basse lui imposent une négociation, mais il n'est jamais questionné sur sa "découverte" de la situation actuelle ou sur le refus constant de prendre des mesures pour un début de redressement des comptes de son pays.
Il ne s'agit pas de définir qui a tort ou a raison. Mais d'observer que le positionnement d'Obama, décidé par les médias, dans cette affaire (qui pourrait nous coûter, sans accord, rien de moins que la stabilité du monde) est optimal pour ne pas que l'on puisse lui accorder de défauts ni de malice inconvenante.
Ne nous y trompons pas, l'homme joue sa réelection sur un fil, sur un fil bien plus résistant que celui sur lequel dansent les Républicains, c'est le cœur de son pari. Car le GOP ne possède qu'un des trois pouvoirs élémentaires de la démocratie américaine : la Chambre des représentants contre le Sénat et la Présidence aux Démocrates.
Alors pourquoi placer Barack Obama sur la défensive ? Puisque les Républicains ne peuvent en aucune manière prendre seuls l'initiative d'un plan de redressement. Il serait systématiquement étouffé par le Sénat Démocrate, protégeant ainsi le Président d'une autre décision difficile.
Pourquoi voir en Obama un Président quand il s'agit de régler une crise sur la dette à chaud, et ne pas le montrer tout autant Président et donc leader de l'exécutif, quand, comme le fait remarquer Charles Krauthammer, il a ignoré en Décembre 2010 les recommandations de sa propre commission sur la dette (hausse de l'âge de retraite, réduction des pensions), présenté en février un budget qui augmente la dette de 10 000 milliards de dollars pour les dix prochaines années, et quand en Avril il demanda une extension du plafond de la dette sans proposer de plan pour la réduction de celle-ci ?
Il semble pourtant qu'il soit par incompétence à l'origine de l'imprévision actuelle, ou qu'il se soit dirigé vers ce bras de fer sachant que ses adversaires n'avaient que très peu de chance de le faire plier.
Autre question, soulevée par le même Charles Krauthammer : pourquoi la presse prend-elle pour argent comptant des mesures pour un plan de réduction des déficits venant de la Maison Blanche, lorsqu'elle n'a à disposition comme information que des fuites organisées, qui n'ont jamais été confirmées officiellement et ne le seront jamais ? Encore une fois la vision du rôle et d'un nécessaire engagement d'un Président est singulière pour des professionnels du commentaire politique ; il serait une forme de pythie à ses heures, dont on ne consulterait l'oracle que par la bande, les marges d'un cercle de décision sous le sceau du secret.
Je crois tout simplement que les médias n'ont pas le choix dans cette période pré-électorale, que Barack Obama et ses équipes ont joué le pourrissement de la situation à l'avance. Que leur héraut d'un monde meilleur, d'un nouveau souffle du changement (Change), d'un nouvel espoir (Hope), les fait avancer à marche forcée dans un jeu prévu de longue date. Et pour couronner son leadership sur les salles éditoriales, la Maison Blanche joue du robinet de l'information, entre faux secrets et vraies fuites...
Que les Républicains, déjà bien embarrassés par les désillusions que portent en eux comme une tremblante les Tea Party, soient prisonniers de la nasse, cela ne fait aucun doute. Même si les sondages ne leur sont pas défavorables, il semblent qu'ils aient déjà perdu cette partie.
Nous avançons donc vers une élection présidentielle qui dessine pour l'instant ses contours médiocres, basés sur des compromis économiques et une marche à pas contraints vers un Welfare State mis sous formol. Les slogans d'Obama 2008 vont aller se ranger bravement dans les commentaires en bas de page de Wikipédia.
Sous la présidence de Barack Obama, écriront les historiens, les Etats-Unis sont rentrés dans une phase de maturation, avec la décision politique de se doter d'une couverture sociale à l'Européenne.
Comme on ne peut pas tout avoir, cela signifie une dette collective qu'on va maintenir et faire croître insensiblement par l'impôt, un chômage désespérément haut, une croissance régulièrement au-dessous des 3% et un PIB définitivement en recul de 10%.
Bref, la catégorie diesel que croyait occuper seule la zone Européenne. C'est plus une question de bon odorat que d'instinct.
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