Quel modèle pour traverser la crise sinon fermer les yeux ?

Il y a un problème éthique de la part des industries culturelles en France.
Problème éthique de comportement qui est le ressort de la violence qui lui est soumise en retour par le téléchargement illégal des jeunes.
Le Réseau est là.
Et pourtant, c'est comme s'il n'existait pas.
Au lieu de proposer en ligne la diversité de leurs catalogues d'œuvres sous forme dématérialisée, il y a une volonté de la part de l'industrie cinématographique du maintien d'une économie de la rareté.
Et cette économie de la rareté serait aussi présente en musique si Apple n'avait eu soin de soutenir la logique commerciale de son hardware nommé Ipod, par une boutique en ligne, accompagnant les nouveaux modes de consommations.
Une idée pour moi centrale est qu'un jeu malsain s'est engagé avec le public français, fait de frustrations et d'attente, avec la volonté de faire durer le support physique dans un environnement technologique qui a fait son deuil du disque.
Les derniers chiffres disponibles sur 2008 montrent que cette stratégie continue de fonctionner économiquement, mais quel impact psychologique désastreux sur les jeunes d'aujourd'hui.
Nous montrons à toute une génération adolescente, que des comportements logiques, intuitifs, en phase avec les outils de leur époque, et générateurs d'un plus juste prix sur l'Internet sont synonymes de délinquance.
En ces temps où l'Etat ne cesse de surveiller le pouvoir d'achat, encourage la lutte contre la crise par l'investissement (et on ne peut s'empêcher de penser à l'innovation dans les nouvelles technologies), nous aimerions entendre un peu plus la voix solitaire de Christine Lagarde « La meilleure manière de lutter contre le piratage, c'est [...] de tout mettre en oeuvre pour augmenter la quantité et la qualité des offres culturelles légalement mises en ligne. »
Nous ne sommes ni dans une dynamique Colbertiste, ni dans une libéralisation économique à outrance, comme en Chine, ni dans un plan massif de reconversion de l'économie américaine, non, nous sommes dans la défense d'intérêts privés, bien au delà en terme d'égoisme économique d'un protectionnisme national.
L'idéal républicain est mis à mal car c'est bien le pays réel (utilisateurs, entreprises de télécommunications, FAI) qui va payer en pouvoir d'achat et retard de réalisations technologiques ces prises de décisions.

La démonstration de l'inefficience économique globale de cette attitude confine au constat de gâchis, lorsque l'on se prend à imaginer les dizaines de millions d'euros de chiffre d'affaires potentiel à côté desquels ces industries sont passées ces dernières années, uniquement pour tenter de maintenir leur étreinte stratégique sur une situation  globale qui leur échappe et finira par leur échapper.
Les industries culturelles semblent terriblement complices entre elles, même la presse, si loquace sur les sujets de société, se tait.
Il ne reste plus en ligne que les artisans du blog, les publications technologiques (PcImpact, 01net, etc.), les associations (UFC/Que choisir, APRIL), les réussites Internet tancées (Google) pour mettre le doigt sur les incertitudes de la loi Hadopi.
Je n'exagère pas : dans Google News, sur une recherche "Hadopi", 63 articles appartenant au premier groupe, je note un article des Echos, deux de l'Express, et le reste appartient globalement aux publications technologiques ou associatives.
"Ce n'est pas en traduisant vos clients devant les cours de justice" disait récemment Eric Schmidt, "que vous allez empêcher d'arriver ce qui doit arriver."
"A travers le débat sur Hadopi, c’est en fait l’effritement d’un système médiatique et politique, ses failles, ses lambeaux de peinture, qui sont mis sous nos yeux."

Commentaires