Le printemps arrive aussi chez Narvic et Authueil

Amusants, les vigoureux retraits de Narvic et d'Authueil par rapport à ce qui se passe sur l'écume du Web. (encore ici et là confondu avec Internet, ou perçu comme le focus du réseau sur protocole IP, ce qui ne reflète pas forcément la réalité des usages.)
Le discours Web 2.0 est certainement mort pour la nouveauté, le concept a les fonds de culotte usés en ce sens qu'il a servi d'initiation pour beaucoup, alors qu'ils étaient sur les bancs de l'école du Web, et l'on pourrait dire trop... et pourtant... 
Et pourtant beaucoup de personnes, out there, y sont encore attachées - un exemple, rien que les discours sur les média sociaux ou l'informatique des nuages sont en filiation quasi-directe avec les discours sur le Web 2.0... Ok un Web 2.0, parfois mal compris dans ses notions, mal digéré et trafiqué car celui-ci ne reconnaissait pas obligatoirement l'UGC ou les communautés restreintes, mais parlait d'architectures de participation et commençait à opérer à partir d'un certain volume d'utilisateurs, ou mieux, d'un nombre suffisant de personnes pour assurer une riche diversité. 
Son plus bel exemple reposait en l'aventure Wikipedia.
Des amertumes, hélas, se sont réveillées en cours, car des frictions culturelles d'avec le monde de l'extérieur ce sont dévoilées.
Je comprends qu'aujourd'hui on soit en butte avec le délitement d'institutions et de médiations si longtemps révérées, comme le fait remarquer en passant Nicolas Vanbremeersch, que cela aille à l'encontre de l'esprit français même si cela apparait souhaitable, à ce moment de son histoire, que ce dernier se débarrasse de son addiction parfois malsaine à la figure de l'autorité ou à celle de l'ordre établi (base irrévocable des distributions de positions et de statuts par des relais de pouvoir identifiés.)
De toute façon, je ne pourrais jamais reprocher à Tim Oreilly et ses amis d'avoir conçu une meme map destinée à la vulgarisation, à base d'un ensemble d'expériences éclatées et de bonnes pratiques jargonnantes et d'avoir répété que l'utilisateur se retrouvait au centre des préoccupations.
Bref même si le Web 1.0 ne différait en rien technologiquement d'avec le Web 2.0, qu'il s'agissait toujours du même et unique Web, on ne peut leur reprocher d'avoir donné des clés de compréhension et d'action  (empruntées aux utilisations efficaces du Web par les développeurs) pour qu'un plus grand nombre de personnes puissent (car le plus souvent, elles n'étaient pas en harmonie avec la spécificité d'Internet) faire un bond dans la compréhension et l'utilisation du Web, d'y travailler et de s'y exprimer de façon plus efficace.
Oui, il y a escroquerie, escroquerie pas si malfaisante vu que beaucoup de newbies (neuneus) y ont gagné leur titre de professionnel. Le Web n'est pas qu'un objet d'étude universitaire, mais aussi une plate-forme de travail pour le commun.
Tout de même, on est loin d'une idéologie, avec son unité d'interprétation proverbiale de la réalité, et j'aimerais que l'on me nomme ici les gourous ou les perpétuateurs du mensonge.
Je ne sais pas si j'ai bien compris, si ce n'est pas le cas, au moins qu'on me circonscrive le problème, avec définitions formelles à l'appui, pour voir de quoi il en retourne. 
En tout cas, beau printemps qui s'annonce, tonique, aujourd'hui, les première giboulées.

Commentaires

  1. Un patient travail en profondeur sur cette idéologie de la "révolution de l'internet" est menées dans les universités depuis plus de dix ans dans plusieurs directions simultanément : les sciences de l'information et de la communication, la sociologie politique et la sémiologie.

    Les résultats de ces recherches sont convergents, et montrent que les concepts avancés sont inconsistants et de nature idéologique (la vision de ce qui est idéologique ou pas dans ton billet me semble un brin... naïve. ;-) ).

    Je te renvoie, par exemple, aux travaux de David Forest, pour faire précisément la part des choses de ce qui relève de l'utopie, de l'idéologie et d'un discours carrément prophétique (une mystique laïcisée) dans les livres de Bill Gates, Alvin Toffler, Nicholas Negroponte ou Derrick de Kerckhove (mais aussi J.P. Barlow, R. Stallman, Castells. L. Lessing) et les Français Pierre Lévy, De Rosnay ou Minc... notamment. Pour ne pas citer McLuhan, qu'on ne trouve guère de gens sérieux pour défendre de nos jours.

    Quant à Tim O'Reilly : un parfait exemple d'idéologue-prophète à dimension commerciale et autopromotionnelle. Et définitivement pas un type intellectuellement sérieux. :-))

    Tout cela relève bien de l'idéologie, une idéologie structurée de nature techniciste, qui pose un a priori conceptuel de la capacité de la technique à gouverner les comportement sociaux, ce qui est une position elle aussi... naïve (ou bien intéressée si l'on est soi-même technicien ou vendeur de technologie !).

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  2. Merci du fond du coeur les gars d'être venu.
    Il faisait un peu froid dans ma chambre cet après-midi.

    @Narvic
    En effet, Tim, en tant qu'editeur, a monté une "escroquerie" ou un bon plan commercial, cela est net. C'est pour cela qu'il n'est pas un franc adversaire d'ne technologie pourtant extrêmement propriétaire et limitée pour l'utilisateur en surface, telle que celle d'Apple.
    Mais comme je dis, il a initié pas mal de newbies, et a permis à de nombreux consultants marketing de gagner leur croute.

    Pour Alvin Toffler, Bill Gates, Negroponte, de Rosnay, Minc, je signe des deux mains en bas de la page.

    Pour Stallman, Castells et Lessig, mmmh... je serais moins sûr.
    Le "Code" de Lessig a justement été le bouquiin qui s'est opposé d'emblée aux visions utopistes et optimistes qui sont nées dans les débuts d'Internet notamment chez les acteurs de Netscape à une certaine époque.
    "Free Culture" est un bouquin très pessimiste, après l'intermède plus joyeux et pédagogique "The future of ideas".
    Stallman et Moglen sont en position permanente de défense des libertés et n'ont jamais été des admirateurs profonds du Web (lots of crapy technology) et surtout pas du Web 2.0.
    Castells est moins techno certes, mais dire que nous n'assistons pas à un délitement des institutions par les outils de communication à la base, outils qui vont se généraliser à l'humanité entière avec une puissance multiplicatrice selon la loi de Moore pour encore 10 a 15 ans, ce serait aller contre les faits. Ensuite qu'on aime ou non le point de vue très "hippie" ou libertaire du personnage, qui se révèle plus dans ss articles que ses livres, c'est affaire de goût.

    Je suis quand même étonné que tu n'ais pas cité Michel Serres parmi les utopistes. ;-)

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