A la suite de Chromium, Google communique sur ses faiblesses

Un billet d'un blog officiel de Google pourrait inspirer nombre d'organisations et d'institutions dans leur manière d’appréhender leurs services et leurs clientèles.
La sécurité est affaire de communauté et la loi de Linus est appliquée : "Given enough eyeballs, all bugs are shallow."
Comme pour le projet Chromium, la communauté des utilisateurs de Google est invitée à chercher et trouver des bugs dans les applications en ligne.
Google n'a aucune honte à communiquer sur ses faiblesses, et même à rémunérer les meilleurs de ces critiques, ce dont nous ne sommes pas habitués et pourtant nous devrions l'être.

Sur la forme de la communication, elle est précise ; notez que l'envoi de courrier à tous les utilisateurs n'est pas dans les habitudes de Google ; un billet de blog officiel avec un lien permanent suffit à alerter tout le monde. Laissons officier l'extrême magie du Web que nous avons oublié par acquis ou par évidence.
Surprise, les commentaires sont ouverts au public.

En fin de billet, un procédé ultra-classique de l'Internet que l'on nomme FAQ (Foire Aux Questions) permet de détailler le contexte de l'opération et d’atténuer une forte part de bruit dans les commentaires qui suivent.

Simplicité du design chère à Google et qui prend valeur d'élégance tout en renforçant l'authenticité : pas d'image, pas de réclame vidéo, sur une page pourtant qui doit connaître beaucoup de passage. Un sacrifice sur la rentabilité immédiate de l'entreprise : surtout éviter de banaliser ou de rendre vulgaire la voix de l'entreprise en l'associant à un rapport commercial.

Le message de Google est clair : premièrement il sacrifie à la modestie, car il ne prétend pas détenir la vérité avec ses équipes seules sur le bon fonctionnement de ses services en ligne.
Deuxièmement, si lors de la publication d'un livre, l'oeuvre finit par échapper au contrôle de l'auteur, la publication d'une application lorsqu'elle atteint un certain degré de succès obéit à des lois semblables : elle appartient autant à son public d'utilisateurs qu'à son concepteur. Il est légitime de continuer à faire appel à la communauté tout au long de sa durée de vie.
Imaginons que cela soit le cas des applications à usage interne dans les organisations, ce serait révolutionnaire.

J'ajouterais que ce genre de communication est beaucoup plus efficace que l'adoption du principe de transparence, car on peut faire de la transparence du bout des lèvres ou en surface. Cette méthode anticipe sur les déconvenues et apporte une touche non de respect, mais de considération au public, elle montre une volonté, une action et non une "mise en conformité" avec un standard juridique.

Ne pas avoir peur de communiquer sur ses faiblesses, rester simple et modeste, privilégier une communication claire et préservée du brouillage publicitaire, impliquer les utilisateurs en les renseignant sur le contexte et en leur laissant la liberté d'expression publique.
Voilà un exemple qu'on aimerait voir venir à minima non pas de Google seul mais aussi de la part d'autres organisations et institutions pour rétablir des liens de confiance défaillants avec le public.
Après, il sera possible de parler de Web social, vraiment...

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