Facebook contraint au virage de l'ouverture au milieu d'incertitudes financières
Facebook ouvre comme promis son modèle, reconnaissant même en pleine popularité la nature ouverte du Web.
Une API va permettre aux développeurs de créer des applications qui permettront aux utilisateurs de pouvoir consulter et enrichir leur flux d'activités en dehors des murs du site jusqu'alors impénétrables.
Suit une promesse d'effectuer un mouvement dans la direction du mode d'authentification OpenID : mais cela avait été déjà annoncé, les réalisations peinent à suivre et Facebook ne semble pas avoir renoncé à faire de son mode de connexion un standard.
Un premier pas donc vers la reconnaissance que son modèle conceptuel d'origine n'est pas adapté et qu'il doit évoluer en accord avec son milieu, le Web. Autre raison possible, la perception que le Web va évoluer, non vers des modèles d'applications intégrées, mais au contraire vers l'éclatement d'offres applicatives simples et efficaces (surtout pour réduire au maximum les problèmes de sécurité) qui se grefferont autour de nuages gigantesques de données, et dont Twitter ou Google sont les exemples les plus proches.
Peut-être, aussi, que le Facebook initial et fermé ne peut survivre technologiquement au delà d'une certaine masse d'utilisateurs et se doit d'évoluer drastiquement, sans hériter de coûts supérieurs de maintenance et d'exploitation et d'une baisse cruelle des performances d'affichage, univers dont les utilisateurs ont souvent constaté la pénible lenteur en regard des autres sites Web.
En ce qui concerne les perspectives de l'entreprise, ce virage s'opère dans un contexte défavorable. Mark Zuckerberg vient de licencier son directeur financier, Gideon Yu, qui était revenu les mains vides d'une table ronde dans les émirats. Etant loin d'avoir atteint l'équilibre et de pouvoir faire croire en une future profitabilité Facebook a en effet besoin d'un apport de cash suffisant pour tenir jusqu'à une opération d'introduction en bourse.
Facebook est victime d'une part de son succès, l'inscription régulière de nouveaux utilisateurs (en majorité étrangers aux US et plus difficilement monétisables) créent des besoin matériels croissants et d'autre part d'une orientation de son encadrement non-technique, c'est à dire là où justement il pourraient rationnaliser leurs coûts de manière intéressante.
Pour l'instant, la recherche de nouveaux investissements a eu pour effet de faire baisser drastiquement l'évaluation globale de l'entreprise, lorsqu'en 2006 Microsoft avait investit plus de 500 millions de dollars, cela avait été conclu sur la base d'une évaluation de Facebook à hauteur de 15 milliards de dollars.
Aujourd'hui, avec la crise environnante, les dernières propositions de soutien financier s'effectuent à une évaluation autour de 2 milliards de dollars. Facebook n'aura peut être pas d'autre choix que de s'y soumettre si la situation ne s'améliore pas.
Un point positif au tableau, Facebook a bien senti que son plus bel atout est le flux d'activités qu'ils ont récemment imposé à leurs utilisateurs en page d'accueil après la connexion. Ce flux en direction de personnes clairement identifiées et géolocalisables, plus précis qu'une audience télévisuelle, pourra être transformé en un point d'entrée de l'amitié entre les clients et les entreprises qui le souhaitent. Pour ce faire, les entreprises devront sûrement mettre la main à leur poche pour contenter Facebook et leurs clients.
Reste à voir si au milieu de leurs territoires sentimentaux et familiaux, les utilisateurs accepteront universellement l'offre de parts gratuites de pizza ou de rabais sur un pack de soda, comme ils le découvrent sous forme de prospectus chaque jour dans leur boîte aux lettres physique. Seul l'avenir le dira...
[ ajout : deux articles intéressants pour approfondir le sujet Facebook, l'un du New York Times qui renforce l'inquiétude que ces réseaux sociaux à vocation mondiale prennent un risque financier énorme, l'autre de ReadWriteWeb qui se demande si les utilisateurs de Facebook vont accepter, qu'à travers cette API permettant d'extraire leur flux d'activités, leurs informations personnelles circulent aussi facilement sur le Réseau. Peut-être que l'un des paramètres de confiance entre Facebook et ses utilisateurs se trouvait dans le cloisonnement initial de ce site par rapport au reste du Web. ]
Commentaires
Enregistrer un commentaire