Persistance des mensonges 1.0 de l'informatique : Vivek Kundra's Fail
Un jeune homme de 35 ans, Gen X qui, paraît-il, impressionne, possède une Web litteracy prodigieuse et sait étourdir un auditoire d'experts. Vivek Kundra, DSI (CIO) de la récente administration américaine, et officiellement investi de la mission de rendre le nécessaire Web des données, possible au niveau du gouvernement.
Un engagement, celui de la transparence et de la gouvernance 2.0, qui allume les têtes brûlées de l'évangélisme technologique d'aujourd'hui, Tim O'Reilly, Jeff Jarvis et d'autres, qui entraîne et aiguise l'appétit des grosses entreprises informatiques américaines.
Ce qui a signifié un immense soutien médiatique au niveau des effets d'annonce, mais aussi d'une information positive qui s'est transformée en un matelas confortable d'illusions dans une presse tellement acquise à la nouveauté qu'elle ne sut pas procéder au plus élémentaire travail de vérification.
Force est de constater que le résultat est donc au-dessous des attentes, surévalué et très faible au niveau métier et technologie du Web 2.0.
Il est dommage, quand même, que les "blogueurs geeks", par illumination ou sympathie politique, aient pu signer massivement et avec ferveur, chacun dans leur coin, un chèque en blanc sur cette initiative.
Le site data.gov fut modestement critiqué, pas la peine de revenir dessus. Cela se traduit dans la réalité par le fait qu'en terme de profondeur de contenu, de technologie et de présentation, il n'a pas satisfait les promesses qu'on pouvait attendre de son installation. Pour l'instant, la fondation Sunlight est en train de brainstormer ses équipes pour pouvoir améliorer l'entreprise, tout du moins extraire un projet plus prometteur de cette mauvaise mouture.
Ce qui est normal, cet organisme a engagé sa crédibilité personnelle sur un concours d'idées d'application permettant de tirer profit des données mises à disposition par data.gov.
Face à la déconvenue provoquée par l'actuel data.gov, lls se sont donc chargés du travail qu'aurait du lancer en interne Vivek Kundra responsable en dernier recours, en tant que DSI, sur un projet a haute valeur symbolique et stratégique pour le Président et son administration. Il est heureux qu'il puisse disposer de citoyens aussi attachés à transformer en réalité ce qu'il affirme par mots et discours, sans qu'il ait à lever le petit doigt.
Suivent deux articles, à un mois de distance, d'un homme du métier, Seth Grimes qui s'est épris de vérification de deux autre sites "transparents" cités en exemple dans les médias.
Le premier cas est USApending.gov, site chargé de tracer et de rendre compte des dépenses fédérales. Voici les constats de Seth :
L'outil utilisé pour la représentation en camembert de données fut mal maîtrisé, ce qui fait que les représentations symboliques au niveau des proportions ne correspondaient pas aux chiffres affichés. Les schémas étaient donc tout simplement faux, bien que reproduits dans la presse comme preuve de quelque chose avait changé dans le monde de la politique en ligne.
La difficulté pour des sites censés représenter un effort du fameux Gouvernement 2.0, de pouvoir effectuer en tant que citoyen un retour sur expérience ou d'être mis en contact pour signaler un défaut.
Seth Grimes a employé quatre méthodes pour tenter de se faire entendre sur les défauts remarqués :
Le second cas est Recovery.org, site chargé de poser le maximum de transparence sur les données d'emploi du stimulus package lancé par l'administration américaine, autrement dit, le plan de relance d'Obama déclenché à la suite de la crise financière. Voici ce qu'en pense Seth :
Le site est déficient dans la présentation de ses données tabulaires et l'interrogation par formulaire, par le simple fait qu'il ne se soumet pas dans son code aux règles d'accessibilités fédérales, c'est à dire qu'il n'est pas aux normes requises, par exemple, pour consultation par les non ou mal-voyants.
Les cartes sont pauvrement construites, ce qui serait un dommage mineur si ses cartes ne servaient pas directement de moyen d'interrogation pour accéder aux données : la représentation de l'Alaska est tronquée et l'Etat d'Hawaï n'apparait pas, tandis que les Etats ne sont même pas labellisés sur ces cartes, ne seraient-ce que par leur abréviation officielle.
Il faut se rendre compte qu'au niveau de la politique de communication d'un Etat et sur des projets vantés comme primordiaux et stratégiques, ceci est largement inadmissible car c'est l'image, la sincérité et la crédibilité des dirigeants qui est ici directement remise en cause.
En dernier ressort on pourrait signaler le coût de Recovery.org qui n'est pas moins de 9,5 millions de dollars pour la version clé en main, avec un contrat de maintenance de 8,5 millions de dollars jusqu'en 2014, soit cinq années. Pour comparaison, sur un site participatif 2.0, qui risque d'être plus complexe en fonctionnalités que Recovery.org, celui de préparation de la campagne présidentielle de l'UMP "Les créateurs de possibles", fut déjà hautement critiqué pour un budget dépassant le million d'euros.
Par la suite, certaines des recommandations de Seth Grimes furent écoutées, même si les corrections ne sont pas parfaites ni complètes. Cependant, un problème plus grave vient juste d'être signalé, celui de la disparition, entre la première et la seconde version de Recovery.org, des feuilles xml de liens, ou Atom feed (un standart parallèle à celui du RSS) concernant l'ensemble des données financières. Il s'agit d'un problème de refonte de site qui n'a pas toléré ce qu'on appelle la compatibilité ascendante des deux versions ; ce qui fait que des citoyens qui avaient fabriqués des applications pour extraire les données de recovery.org, sont à l'heure actuelle dans l'impossibilité de mettre en oeuvre la transparence citoyenne tant vantée.
Que conclure, sinon que nous sommes pour l'instant dans une des farces classiques de la communication politique, qui ne semblent pas inaccessibles, même à un Gen X : le paraître et les promesses déconnectés du terrain, l'incompétence sur l'évaluation correcte du coût des plate-formes, la décision de publier et de faire évoluer les sites sans se poser les questions de bon sens et de fonctionnement issus des bonnes pratiques du métier.
Enfin, tromperie sur la marchandise : le lancement de projets old-school, faussement labellisés 2.0, tel quel, en comptant que les choses s'arrangeront d'elles mêmes, que personne ne s'apercevra de rien dans le maelstrom d'enthousiasmes médiatiques, ou en espérant que des clients citoyens et des associations impliquées fournissent un travail de réflexion que les experts nommés n'ont pas été capables de produire.
Bref, il s'agit d'une belle concentration de tous les travers premiers ou tactiques de renard qui empoisonnent sporadiquement le monde de l'industrie informatique depuis que cette dernière existe.
Je ne connais pas d'informaticien qui n'ait connu de comportements semblables dans l'annonce et l'appréhension de certains projets qu'ils ont croisé au cours de leur carrière. Chacun a son exemple de fail semblable en tête.
Au niveau des méthodes et de l'attitude, tout ceci sent son 1.0, tellement que cette débauche de paroles et de concepts ne furent pas suivi d'effets sur le terrain.
Certains commentateurs ont cité comme garantie de la compétence de Vivek Kundra son jeune âge, je répondrais que c'est heureux, imaginez seulement quelle aurait été l'étendue de ses vices si on l'avait investit de ces responsabilités à l'approche de la cinquantaine...
Un engagement, celui de la transparence et de la gouvernance 2.0, qui allume les têtes brûlées de l'évangélisme technologique d'aujourd'hui, Tim O'Reilly, Jeff Jarvis et d'autres, qui entraîne et aiguise l'appétit des grosses entreprises informatiques américaines.
Ce qui a signifié un immense soutien médiatique au niveau des effets d'annonce, mais aussi d'une information positive qui s'est transformée en un matelas confortable d'illusions dans une presse tellement acquise à la nouveauté qu'elle ne sut pas procéder au plus élémentaire travail de vérification.
Force est de constater que le résultat est donc au-dessous des attentes, surévalué et très faible au niveau métier et technologie du Web 2.0.
Il est dommage, quand même, que les "blogueurs geeks", par illumination ou sympathie politique, aient pu signer massivement et avec ferveur, chacun dans leur coin, un chèque en blanc sur cette initiative.
Le site data.gov fut modestement critiqué, pas la peine de revenir dessus. Cela se traduit dans la réalité par le fait qu'en terme de profondeur de contenu, de technologie et de présentation, il n'a pas satisfait les promesses qu'on pouvait attendre de son installation. Pour l'instant, la fondation Sunlight est en train de brainstormer ses équipes pour pouvoir améliorer l'entreprise, tout du moins extraire un projet plus prometteur de cette mauvaise mouture.
Ce qui est normal, cet organisme a engagé sa crédibilité personnelle sur un concours d'idées d'application permettant de tirer profit des données mises à disposition par data.gov.
Face à la déconvenue provoquée par l'actuel data.gov, lls se sont donc chargés du travail qu'aurait du lancer en interne Vivek Kundra responsable en dernier recours, en tant que DSI, sur un projet a haute valeur symbolique et stratégique pour le Président et son administration. Il est heureux qu'il puisse disposer de citoyens aussi attachés à transformer en réalité ce qu'il affirme par mots et discours, sans qu'il ait à lever le petit doigt.
Suivent deux articles, à un mois de distance, d'un homme du métier, Seth Grimes qui s'est épris de vérification de deux autre sites "transparents" cités en exemple dans les médias.
Le premier cas est USApending.gov, site chargé de tracer et de rendre compte des dépenses fédérales. Voici les constats de Seth :
L'outil utilisé pour la représentation en camembert de données fut mal maîtrisé, ce qui fait que les représentations symboliques au niveau des proportions ne correspondaient pas aux chiffres affichés. Les schémas étaient donc tout simplement faux, bien que reproduits dans la presse comme preuve de quelque chose avait changé dans le monde de la politique en ligne.
La difficulté pour des sites censés représenter un effort du fameux Gouvernement 2.0, de pouvoir effectuer en tant que citoyen un retour sur expérience ou d'être mis en contact pour signaler un défaut.
Seth Grimes a employé quatre méthodes pour tenter de se faire entendre sur les défauts remarqués :
- utiliser le formulaire de feedback du site, aucune réponse;
- souscrire à la liste de diffusion du forum USA Spending public, pas d'inscription en retour de l'administrateur de la liste;
- poster une remarque sur le Wiki du projet, remarquee ignorée;
- enfin tenter de s'adresser au blog projet de Vivek Kundra, mais qui ne possède hélas pas de fonctionnalités de commentaires, ce qui est un comble pour un défenseur affiché du Web 2.0.
Le second cas est Recovery.org, site chargé de poser le maximum de transparence sur les données d'emploi du stimulus package lancé par l'administration américaine, autrement dit, le plan de relance d'Obama déclenché à la suite de la crise financière. Voici ce qu'en pense Seth :
Le site est déficient dans la présentation de ses données tabulaires et l'interrogation par formulaire, par le simple fait qu'il ne se soumet pas dans son code aux règles d'accessibilités fédérales, c'est à dire qu'il n'est pas aux normes requises, par exemple, pour consultation par les non ou mal-voyants.
Les cartes sont pauvrement construites, ce qui serait un dommage mineur si ses cartes ne servaient pas directement de moyen d'interrogation pour accéder aux données : la représentation de l'Alaska est tronquée et l'Etat d'Hawaï n'apparait pas, tandis que les Etats ne sont même pas labellisés sur ces cartes, ne seraient-ce que par leur abréviation officielle.
Il faut se rendre compte qu'au niveau de la politique de communication d'un Etat et sur des projets vantés comme primordiaux et stratégiques, ceci est largement inadmissible car c'est l'image, la sincérité et la crédibilité des dirigeants qui est ici directement remise en cause.
En dernier ressort on pourrait signaler le coût de Recovery.org qui n'est pas moins de 9,5 millions de dollars pour la version clé en main, avec un contrat de maintenance de 8,5 millions de dollars jusqu'en 2014, soit cinq années. Pour comparaison, sur un site participatif 2.0, qui risque d'être plus complexe en fonctionnalités que Recovery.org, celui de préparation de la campagne présidentielle de l'UMP "Les créateurs de possibles", fut déjà hautement critiqué pour un budget dépassant le million d'euros.
Par la suite, certaines des recommandations de Seth Grimes furent écoutées, même si les corrections ne sont pas parfaites ni complètes. Cependant, un problème plus grave vient juste d'être signalé, celui de la disparition, entre la première et la seconde version de Recovery.org, des feuilles xml de liens, ou Atom feed (un standart parallèle à celui du RSS) concernant l'ensemble des données financières. Il s'agit d'un problème de refonte de site qui n'a pas toléré ce qu'on appelle la compatibilité ascendante des deux versions ; ce qui fait que des citoyens qui avaient fabriqués des applications pour extraire les données de recovery.org, sont à l'heure actuelle dans l'impossibilité de mettre en oeuvre la transparence citoyenne tant vantée.
Que conclure, sinon que nous sommes pour l'instant dans une des farces classiques de la communication politique, qui ne semblent pas inaccessibles, même à un Gen X : le paraître et les promesses déconnectés du terrain, l'incompétence sur l'évaluation correcte du coût des plate-formes, la décision de publier et de faire évoluer les sites sans se poser les questions de bon sens et de fonctionnement issus des bonnes pratiques du métier.
Enfin, tromperie sur la marchandise : le lancement de projets old-school, faussement labellisés 2.0, tel quel, en comptant que les choses s'arrangeront d'elles mêmes, que personne ne s'apercevra de rien dans le maelstrom d'enthousiasmes médiatiques, ou en espérant que des clients citoyens et des associations impliquées fournissent un travail de réflexion que les experts nommés n'ont pas été capables de produire.
Bref, il s'agit d'une belle concentration de tous les travers premiers ou tactiques de renard qui empoisonnent sporadiquement le monde de l'industrie informatique depuis que cette dernière existe.
Je ne connais pas d'informaticien qui n'ait connu de comportements semblables dans l'annonce et l'appréhension de certains projets qu'ils ont croisé au cours de leur carrière. Chacun a son exemple de fail semblable en tête.
Au niveau des méthodes et de l'attitude, tout ceci sent son 1.0, tellement que cette débauche de paroles et de concepts ne furent pas suivi d'effets sur le terrain.
Certains commentateurs ont cité comme garantie de la compétence de Vivek Kundra son jeune âge, je répondrais que c'est heureux, imaginez seulement quelle aurait été l'étendue de ses vices si on l'avait investit de ces responsabilités à l'approche de la cinquantaine...
Ouf... j'échappe à l'échafaud ;-)
RépondreSupprimerCeci dit, je continue de penser que des initiatives comme la Sunlight Foundation ou, en France, Nosdéputes.fr, vont créer une forme de concurrence que les gouvernements vont devoir suivre sous peine de voir leur échapper une partie importante de leur prérogatives régaliennes... Je reste optimiste, ils sont coincés, ils n'ont plus vraiment le choix...
Oui, tes articles sont biens, Fabrice.
RépondreSupprimerMoi aussi, j'adore la Sunlight Foundation, surtout dans ce rôle de pompier.
Mais les mecs au pouvoir qui font de l'enfume à ce point, et que l'on cite en exemple dans les journaux, c'est calamiteux.